À l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), le Fonds Africain de Développement pour la Femme (AWDF) réaffirme sa solidarité avec ses partenaires au Bénin qui travaillent sans relâche pour éradiquer cette pratique néfaste. Cette journée rappelle avec force l’urgence de protéger le bien-être physique et mental des filles et des femmes à travers le monde.
Les mutilations génitales féminines (MGF) restent une préoccupation majeure au Bénin, en particulier dans les régions du nord où elles sont profondément ancrées dans les traditions culturelles. Le gouvernement béninois a mis en place des lois strictes pour lutter contre cette pratique, notamment la loi n° 2003-03 et la plus récente loi n° 2021-11, qui criminalisent les MGF et prévoient des sanctions sévères. En vertu de cette dernière législation, les auteurs de ces actes encourent des peines allant de six mois à vingt ans de prison, la peine maximale étant appliquée en cas de décès de la victime. Les complices sont passibles des mêmes sanctions que les auteurs directs et, en cas de récidive, la peine maximale est automatiquement prononcée.
Malgré ces avancées juridiques, les MGF persistent dans certaines communautés, soulignant l’urgence de renforcer les campagnes de sensibilisation, d’assurer une application rigoureuse des lois et de soutenir les initiatives locales qui remettent en question ces croyances et pratiques profondément enracinées.
Plusieurs organisations jouent un rôle clé dans la lutte contre les MGF au Bénin, notamment le Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) et le Réseau des Organisations de la Société Civile pour la Promotion de la Femme et de l’Enfant (REPSFECO).
Depuis 2003, le Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) est à l’avant-garde des efforts visant à éradiquer les mutilations génitales féminines (MGF) au Bénin. En partenariat avec AWDF, le RFLD mène des actions de plaidoyer, d’éducation communautaire et de soutien aux survivantes. Ses initiatives comprennent :
– Engagement communautaire : Le RFLD collabore étroitement avec les autorités locales, les professionnels de santé, les survivantes et les médias afin de faire évoluer les perceptions sociétales sur les MGF.
– Soutien juridique et accès à la justice : L’organisation travaille aux côtés des forces de l’ordre et des magistrats pour garantir aux survivantes l’accès à la justice et s’assurer que les auteurs de ces actes soient poursuivis.
– Coopération transfrontalière : Face à la pratique des MGF au-delà des frontières, le RFLD étend son action en collaborant avec des organisations des pays voisins afin de prévenir le déplacement des jeunes filles à des fins de mutilation.
– Implication des leaders traditionnels et religieux : Le RFLD mobilise des leaders communautaires influents, notamment à Natitingou et Parakou, pour encourager un changement culturel et promouvoir des rites de passage alternatifs.
– Initiatives éducatives : Des écoles et des groupes communautaires sont impliqués dans des dialogues et des ateliers pour sensibiliser aux dangers des MGF et autonomiser les jeunes filles afin qu’elles puissent défendre leurs droits.
Un autre partenaire clé de AWDF dans la lutte contre les MGF
Le Réseau des Organisations de la Société Civile pour la Promotion de la Femme et de l’Enfant (REPSFECO) joue un rôle essentiel dans l’éradication des mutilations génitales féminines (MGF) au Bénin. En 2024, REPSFECO a lancé le projet “Touche Pas Mon Sexe” dans la commune de Lalo, mettant en lumière l’allongement des lèvres vaginales, une forme de MGF largement ignorée dans les débats nationaux.
Leurs principales initiatives :
– Dialogues communautaires : Implication des leaders traditionnels, religieux et communautaires pour discuter des causes et des conséquences de cette pratique. Six dialogues ont été organisés, couvrant tous les arrondissements de Lalo. – Autonomisation des jeunes filles : Organisation de sessions de formation en leadership et plaidoyer pour leur donner les outils nécessaires afin de signaler les cas de MGF et défendre leurs droits.
– Plaidoyer juridique : Collaboration avec les travailleurs sociaux, la police et le système judiciaire pour garantir l’application stricte des lois contre les MGF.
– Promotion de la masculinité positive : Sensibilisation des jeunes hommes, souvent prescripteurs de ces pratiques, afin de les impliquer activement dans la lutte contre les MGF.
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles restent à surmonter :
– Autonomisation économique : Des études montrent que le chômage et le manque d’opportunités pour les jeunes filles favorisent la persistance des MGF. Les filles scolarisées ou engagées dans des formations professionnelles sont moins susceptibles de subir ces pratiques que celles qui restent à la maison.
– Renforcement du cadre juridique : La législation béninoise se concentre principalement sur l’excision, alors que d’autres formes de MGF, comme l’allongement des lèvres vaginales, ne
sont pas encore reconnues malgré leur classification par l’OMS comme une mutilation génitale.
– Financement durable : L’investissement à long terme est essentiel pour assurer la pérennité des initiatives locales, le renforcement de l’application des lois et le soutien aux survivantes.
En cette Journée internationale de la tolérance zéro pour les MGF, AWDF et ses partenaires au Bénin réaffirment leur engagement à mettre fin aux mutilations génitales féminines.
Notre message est clair : les MGF ne sont pas une tradition, mais une violation des droits humains. Chaque fille et chaque femme mérite de vivre en sécurité, de voir son intégrité physique respectée et de jouir pleinement de son droit à la santé.
Nous appelons à une mobilisation collective pour :
– Sensibiliser les communautés.
– Éduquer les générations futures.
– Renforcer les lois protégeant les droits des femmes.
– Soutenir les survivantes et défendre leur accès à la justice.
Le moment d’agir, c’est maintenant.
Gouvernements, société civile et citoyen·ne·s doivent s’unir pour éradiquer définitivement cette pratique. AWDF encourage chacun·e à soutenir ce combat, amplifier les voix des survivantes et faire partie de la solution.
Traoré Bintou Mariam, Responsable communication