Dans un contexte mondial où les droits des femmes sont constamment menacés, l’importance de défendre le Protocole de Maputo ne saurait être sous-estimée, particulièrement face aux nombreux défis actuels auxquels les femmes en Afrique sont confrontées. Adopté par l’Union africaine en 2003, ce texte fondamental établit des principes essentiels relatifs à la lutte contre la violence basée sur le genre, l’égalité des droits et la santé reproductive. Cependant, malgré les avancées qu’il représente, sa mise en œuvre reste inégale et de nombreux obstacles persistent. C’est dans cette dynamique que des féministes africaines se sont réunies lors de la session KOMBOA organisée par AWDF, un espace de réflexion et d’action, pour réfléchir aux moyens de défendre et de renforcer ce protocole face aux nouvelles menaces. À travers des échanges solidaires et des stratégies militantes, cet événement a souligné l’urgence d’un engagement collectif pour la préservation des droits des femmes, tout en élaborant des actions concrètes visant à faire avancer les luttes féministes.
Le Protocole de Maputo, officiellement intitulé « Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples sur les droits des femmes en Afrique », est un document clé qui vise à promouvoir et protéger les droits des femmes sur le continent. Il aborde des questions fondamentales telles que l’égalité des sexes, la lutte contre la violence de genre et les droits reproductifs. Ses principes indispensables incluent l’égalité, la non-discrimination et la reconnaissance du rôle des femmes dans le développement socio-économique. Le protocole appelle à l’adoption de lois et de politiques garantissant l’égalité des sexes et à la mise en place de mécanismes de suivi pour évaluer les progrès réalisés.
Malgré son importance, la mise en œuvre du Protocole de Maputo est entravée par plusieurs enjeux et défis majeurs. Lors de la session, il a été relevé comme enjeux majeurs dans le cadre de la défense du protocole, le manque de financement et de ressources pour les initiatives en faveur des droits des femmes, l’absence d’inclusion des mouvements féministes dans le processus décisionnel, ainsi que les résistances culturelles persistantes dans de nombreuses sociétés. De plus, l’inefficacité des institutions responsables de l’application des lois et le manque de coordination entre les différents acteurs compliquent l’atteinte des objectifs fixés par le Protocole.
Ensuite, il a été soulevé comme défi majeur l’absence d’inclusion des mouvements féministes dans le processus décisionnel, limitant ainsi leur capacité à influencer les politiques qui les concernent directement. Le manque de financements adéquats de la part des gouvernements compromet aussi sérieusement les initiatives visant à promouvoir les droits des femmes et à lutter contre la violence basée sur le genre. L’absence de mécanismes de suivi et d’évaluation efficaces rend difficile l’analyse des progrès réalisés. Les disparités culturelles, les résistances sociétales et les stéréotypes de genre profondément ancrés constituent des obstacles majeurs à l’application du protocole. Le manque de sensibilisation et d’éducation sur les droits des femmes dans certaines communautés empêche une pleine adhésion au Protocole. L’inefficacité des institutions responsables de l’application des lois et des politiques en faveur des droits des femmes aggrave cette situation. Le manque de coordination entre les différents acteurs, y compris les ONG, les gouvernements et les organisations internationales, complique encore la mise en œuvre des engagements pris. Ce sont des défis qui doivent être surmontés pour garantir une application effective du Protocole de Maputo et soutenir les luttes féministes sur le terrain.
Afin de garantir l’efficacité du protocole de Maputo, plusieurs stratégies ont été énoncées pendant la session KOMBOA par les mouvements féministes. D’abord, une meilleure communication autour du protocole a été relevée comme indispensable. Sensibiliser les populations et les décideurs à son importance, en particulier dans les régions où sa connaissance reste limitée, est un premier pas crucial. En parallèle, assurer la représentation des femmes dans les instances décisionnelles pour que leurs voix soient prises en compte dans l’élaboration des politiques.
La création de réseaux solides entre les organisations féministes est également soulevée comme une priorité. Cela permet de renforcer la solidarité et de défendre collectivement le Protocole, tout en mettant en place des stratégies d’action communes. Une coopération accrue avec d’autres mouvements sociaux, y compris ceux qui défendent les droits des personnes queers, peut offrir une approche plus inclusive et renforcer les actions de plaidoyer.
Enfin, il a été dit qu’il était nécessaire d’adopter une approche proactive face aux mouvements anti-genre qui remettent en cause les acquis du protocole. Cela inclut le développement de stratégies de défense plus agressives pour protéger les droits des femmes et garantir que les engagements du Protocole soient effectivement respectés et mis en œuvre. Parallèlement, une analyse approfondie de la situation dans chaque pays a été suggérée pour permettre d’identifier les besoins spécifiques et de mieux cibler les actions à entreprendre dans le cadre de la défense du protocole.
En somme, le Protocole de Maputo est un pilier crucial dans la lutte pour les droits des femmes en Afrique, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer son application effective. Les défis sont nombreux, mais les stratégies de défense et de sensibilisation sont essentielles pour garantir que ce texte continue de protéger les femmes sur le continent. En unissant les forces féministes, en renforçant la coordination et en affrontant les résistances, il est possible d’assurer une meilleure mise en œuvre du protocole et de faire avancer la cause des droits des femmes en Afrique.
écrit par Pacifique Doriane Sognonvi