
Il y a le vent
Des jours qui se lèvent
Il y a le feu
Des fondations qui cèdent leur place
Il y a le soleil
Le commencement et la fin
Les commencements et les fins
Les feuilles tombentz
De service et de substance
Il y a l’air
Un espace étendu
Il y a l’eau
L’architecture du protea
Marguerites de couleur magenta
Offrandes après une longue journée de travail
Il y a vingt-deux années
Plus de 8030 jours
192 720 heures
Comment raconter toutes ces histoires ?
Seule, on ne le peut pas.
Mais à plusieurs, ensemble, on peut y parvenir.
Une note à votre égard...
Cette histoire est racontée par les voix des personnes qui ont contribué au parcours du Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF) au cours de ses 22 années d’existence jusqu’à ce jour, à savoir
les fondatrices, les membres de notre équipe (d’hier et d’aujourd’hui), les partenaires, bailleurs et amies de l’AWDF. Vous remarquerez probablement, au fil
de votre lecture, que les récits s’inter-changent
entre « nous », « je » et « elles » : nous avons choisi d’alterner les voix des narratrices, d’autant plus que leurs connaissances et expériences étaient corrélées. Nous vous invitons donc à lire l’histoire de l’AWDF tel qu’elle a été vécue : avec autant de voix, individuelles et collectives, qu’il n’y a eu de personnes impliquées.
Au commencement, une étincelle
À l’origine, tout part d’une rencontre entre Dr Hilda Tadria et Joana Foster, à Dakar, en 1994, lors d’une réunion de préparation à la Conférence de Pékin. Ensuite, une promenade matinale
sur la plage, et un échange de réflexions et d’expériences lors de ladite conférence qui se concluent sur la nécessité de créer une réserve de ressources, par les femmes africaines,
pour les femmes africaines. Puis, une offre de subvention à hauteur de 5 000 dollars US de la part de Global Fund for Women, pour la rédaction d’une proposition accordée par le Fonds mondial pour les femmes.
Une soumission d’appel d’offres. Une subvention de suivi. En parallèle, Bisi Adeleye- Fayemi, qui travaille alors à Akina Mama wa Afrika, réfléchit à un fonds pour les femmes africaines. Les deux réflexions fusionnent lorsque Bisi et Joana se réunissent à Londres, à la veille de la Commission sur le Statut de la Femme de 1998 à New York. Des conversations plus précises entre les trois femmes se poursuivent (notamment sur la forme que prendrait ce fonds) ainsi qu’un investissement de départ provenant de partenaires de choix ainsi que de femmes africaines. En 2000, un lancement et un forum avec des bailleurs, se traduisent par la levée des millions de dollars. C’est la naissance d’AWDF. La suite, on vous la raconte.
Les fondatrices en disent davantage ici sur ces premiers pas avant le démarrage.
« J’ai été impressionnée par la vision et le courage... et par la détermination de ces femmes à faire de ce projet une réalité. À l’époque, aucun fonds ne mettait en commun les ressources destinées à toutes ces organisations dont le travail était si remarquable... Tous les fonds provenaient d’organisations occidentales... C’était une idée très intéressante et novatrice... Le fait que des femmes africaines soient à la tête d’une telle initiative a suscité l’intérêt, mais aussi un peu d’appréhension, car on ne savait pas où cela nous mènerait — vous savez, parfois, vous avez une très bonne idée, mais vous avez peur d’aller de l’avant, mais, pour moi, il ne faisait aucun doute que ces femmes n’avaient pas peur d’aller de l’avant. Voilà ce qui m’a marquée. » — Rose Mensah-Kutin, ABANTU for Development, Ghana

Le contexte
Le secteur du développement international était extrêmement élitiste à l’époque où l’AWDF a démarré. Les personnes que nous avons interrogées dans le cadre de la rédaction de cet article ont parlé de bailleurs de fonds dont les modalités pour l’obtention de fonds étaient sensiblement différentes pour les organisations africaines et pour celles situées en dehors de l’Afrique. Certaines des féministes africaines
de l’époque estimaient que les secteurs de la philanthropie et du développement ne faisaient tout simplement pas confiance aux femmes africaines. On ne les en croyait pas capables.
L’AWDF a vu le jour parce que les ressources n’étaient pas allouées de manière appropriée. Les fonds n’étaient dirigés ni vers les petites organisations ni à celles qui n’étaient pas enregistrées, qui avaient besoin de mettre en place des structures et de processus formalisés (autant d’éléments nécessaires pour les rendre éligibles). Or, bien entendu, grâce à leur proximité avec les communautés, à leurs nombreuses années d’expertise et à leur expérience immédiate avec la nature et l’ampleur des problématiques, ce sont ces organisations qui pilotent les changements transformateurs à travers le continent. Chose que nous avions comprise lorsque nous débutions l’AWDF. En tant qu’amies, partenaires subventionnées et collègues de l’AWDF, nous en étions bien conscientes. Nous n’avons pas ignoré celles qui effectuaient le travail de fond. Nous les avons reconnues et leur avons accordé notre confiance.
L’AWDF est arrivée dans le monde de la philanthropie qui était un secteur créé et régi par le monde occidental. L’AWDF a remis en cause cette domination, et a uni ses forces à celles d’autres fonds de femmes au Sud, de partenaires et d’ami.e.s, pour changer cette donne philanthropique. Il ne s’agissait pas seulement d’un changement de mode de fonctionnement du secteur et de ses dirigeant.e.s, mais de la création d’une toute nouvelle approche. Une approche par des femmes africaines, pour des femmes africaines. C’était tout un défi. Et s’en est toujours un.
“Bisi, Joana et Hilda, en créant l’organisation, ont démontré leur courage. Elles ont repoussé les limites. Il n’existait pas de fonds régional pour les femmes, et elles ont décidé de lever des fonds, de créer une organisation, de mettre en place des réseaux...” - Theo Sowa, ancienne Directrice Générale de l’AWDF, Ghana
L’inauguration
Au tournant du millénaire, des femmes du monde entier se sont réunies à New York pour l’examen quinquennal de la Déclaration de Pékin — un programme mondial visionnaire pour l’émancipation des femmes. C’était en juin 2000. Les fondatrices de l’AWDF — Joana Foster, Hilda Tadria et Bisi Adeleye-Fayemi — décidèrent que c’était là l’occasion de présenter l’AWDF au monde, aux côtés de leurs consœurs féministes africaines du continent et
Aucune collecte de fonds n’avait été prévue lors de l’inauguration, mais dans un élan de sororité, plusieurs femmes africaines ont souhaité soutenir cette nouvelle initiative. Elles ont donné autant qu’elles ont pu, et l’AWDF a pu collecter 13 000 dollars US en une soirée.
À peine une année plus tard, par une belle journée de décembre 2001, des dizaines de femmes africaines se sont réunies pour l’inauguration africaine de l’AWDF à Accra, au Ghana. Pleines d’espoir, elles ont célébré cette nouvelle initiative avec panache. A ce stade, comme le raconte Bisi, l’AWDF avait déjà accordé 344 000 dollars US à 38 organisations de femmes dans 28 pays d’Afrique.
“L’inauguration au Ghana a été un évènement grandiose, réussi, très beau... avec la présence de la Première Dame du Nigeria, la Première dame du Burkina Faso. Mais à mes yeux, les invitées les plus importantes étaient les membres du mouvement des femmes, celles qui ont été des voix fortes dans le mouvement des femmes à travers l’Afrique et qui se sont réunies pour assister à la naissance”– Abigail Burgesson,
ancienne employée de l’AWDF, Ghana
Les premières années

La première adresse de L’AWDF était le troisième étage de l’Aviation House, en face du Shangri-la (Accra). C’était un point de repère idéal. Le jour de l’inauguration, même les piliers étaient décorés ! Quelques années plus tard, le troisième étage ne pouvait plus abriter l’équipe grandissante de l’AWDF. En 2004, l’AWDF a donc déménagé dans un bâtiment qu’elle occupa entièrement. Bien que l’AWDF était encore sous contrat de location, elle en était fière ! Quatre ans plus tard, l’AWDF a pu acquérir deux bâtiments, dont l’un est devenu son adresse permanente, exempte de frais de location. Pour le nouveau-né de Taaka Awori, la maison AWDF était son premier arrêt après l’hôpital, avant même qu’il ne soit emmené à la maison ! Les premières années furent une période formidable. À chaque réunion, rencontre ou consultation, il y avait toujours des conversations palpitantes. Vous n’imaginez pas la qualité des débats lors de ces premières années.
Après Pékin, il y avait une grande tension pour s’assurer que le projet ne prenne pas de la poussière sur les étagères. La présence d’une organisation comme l’AWDF, qui soutenait.
l’agenda de Pékin, que les organisations de défense des droits des femmes africaines ont défendu et que les pays avaient signé, est très importante. Et bien sûr, c’était merveilleux d’avoir des fonds dédiés à des organisations dirigées par des femmes africaines. Des millions de dollars ont été distribués en subventions au cours des premières années, propulsant ainsi les femmes africaines sur le devant de la scène.
À quoi ressemblait tout cela ? À l’époque, il n’était pas important pour un partenaire subventionné de disposer d’un téléphone ou d’une adresse électronique permettant d’être joint à tout moment de la journée. L’AWDF envoyait et recevait les contrats de subventions par voie postale, et on passait par des contacts vivant dans la même ville pour fixer des rendez- vous téléphoniques. C’est ainsi que nous avons travaillé. C’est ainsi que nous avons dû procéder pour atteindre les femmes que nous devions soutenir, les femmes qui accomplissent
Notre rencontre
Écoutez cet Audio sur la rencontre entre certaines personnes et l’AWDF Les voix des mouvements féministes (africains) parlent de l’AWDF
Comment les voix du
mouvement décrivent l’AWDF
Nous avons commencé par l’argent

Nous avons commencé par l’argent. Nous avons commencé par l’argent parce que nous savions que les organisations de femmes africaines avaient besoin de fonds pour leurs programmes, alors nous nous sommes mis au travail, en levant des fonds. Voici notre historique en chiffres.
Au cours des 22 dernières années, entre 2000 et 2022, l’AWDF a octroyé : 2,884 Subventions dans (de 38 en 2001 à 250 en 2022)
Soit un total de $68,801,984 USD distribués sous forme de subventions (de 344 000 dollars US en 2001 à 11 447 143 dollars US en 2022)
À 1,555 Organiations dans 47 pays d’Afrique + 5 pays du Moyen-Orient* Le fonds de dotation de l’AWDF s’élève à USD 4.7million
En savoir plusLe changement en un clin d’œil

Au fil des ans, nous avons vu nos partenaires subventionnés accomplir un travail remarquable dans tous les domaines. Elles ont pu repousser les limites, façonner et modifier les politiques, remettre en question les attitudes et les pratiques et construire des mouvements. Elles se sont solidifié et ont développé leurs organisations, créant ainsi des références pour des décisions progressistes et faisant progresser les mécanismes de responsabilité. Elles ont milité en faveur de la représentation, de la participation et du leadership des femmes; elles ont défendu le droit des femmes à disposer de leurs corps et leurs vies, à l’abri de la violence, de la discrimination, et de la coercition. Elles se sont organisées pour que les femmes aient accès aux ressources et les contrôlent ; et elles ont remis en question les systèmes oppressifs. Prouvant ainsi que c’est la force collective de plusieurs personnes qui, ébréchant la montagne une pierre à la fois, peut la faire s’écrouler.
« J’ai dormi ce jour-là, très heureuse. Les gens sauront à ce jour que les maris n’ont pas le droit de faire ce qu’ils veulent avec leurs femmes, et que les lois sur la violence s’appliquent à tout le monde. » Il s’agit de Gladys Mbuyah, de (FIDA Cameroun), qui parle d’une femme qui s’est adressée à FIDA pour poursuivre son mari pour violences conjugales. Il a rapidement compris qu’il allait avoir des problèmes.
« La relation entre le Groupe d’Appui aux Initiatives féminines pour un Développement Intégré et Durable (GAIFEDID) et l’AWDF, ressemble à un arbre dont l’AWDF est la racine, le GAIFEDID le tronc, les femmes que nous soutenons les branches et les changements positifs au niveau de ces femmes, les fruits. Prenons le cas des professionnelles du sexe suivis par GAIFEDID, qui grâce au financement de l’AWDF, ont pu mener des actions d’intervention devant plus de vingt députés à l’Assemblée nationale du Bénin. Évènement sans précédent au Bénin ». — Pauline Houdagba, GAIFEDID, Bénin
En savoir plusL’apprentissage au gré de la croissance

Cela fait maintenant deux décennies que nous travaillons dans le secteur de la philanthropie, et nous ne cessons d’apprendre. Nous avons compris, une fois de plus, que seuls, nous pouvons aller rapidement, mais ce n’est qu’ensemble que nous pouvons aller plus loin. Cela entraîne son lot de difficultés, mais le jeu en vaut la chandelle. Nous avons accepté nos erreurs et les changements majeurs qui ont modifié notre travail, en les utilisant comme des moments de pause, d’introspection, pour en tirer des leçons et évoluer.
Le changement nécessite du temps, particulièrement le type de changement systémique et radical que nous sollicitons. Cela nécessite un réel investissement de ressources, une profonde volonté d’engagement, l’utilisation de différentes approches sous différents angles. Les ressources et le soutien nécessaires ne sont pas seulement financiers, techniques et humains, mais aussi émotionnels. Nous avons appris à planifier, tout en étant capables de nous adapter aux circonstances imprévues, aux pandémies, aux besoins émergents et aux leçons que nous retenons en cours de route. Nous savons que nos processus de financement doivent être flexibles, réactifs et adaptés aux besoins réels à tout moment, y compris dans les situations d’urgence. Plus important encore, nous ne pouvons pas réaliser ce travail sans mettre l’accent sur les personnes dont la vie est la plus affectée par le changement que nous sollicitons, et sans construire et renforcer les mécanismes qui nous soutiennent.
Notre stratégie audacieuse et en constante évolution est guidée par nos partenaires bénéficiaires de subventions ainsi que nos pairs sur le continent et dans le monde entier. Nous sommes là pour soutenir et appuyer le travail des mouvements féministes et des organisations de défense des droits des femmes, cela implique que nous devons d’abord comprendre les mécanismes qui leurs sont adéquats.
De quel type de soutien ont-ils besoin pour mener des actions de changement ? Qu’est-ce qui puissent renforcer ces actions ? Qu’est-ce qui leurs permettrait de s’adapter aux conditions changeantes, de survivre et de surmonter les tempêtes, et d’en ressortir plus fortifiées ? Nous prenons le temps de les écouter et d’orienter nos approches en fonction de ce que les mouvements féministes et des organisations de défense des droits des femmes nous disent.
Outre le Financement

Lorsque nous avons commencé, nous savions que les organisations féministes et les organisations de défense des droits des femmes africaines avaient besoin de ressources financières pour la mise en œuvre de leurs programmes., Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’elles nous fassent comprendre que l’argent seul ne suffisait pas. Elles avaient aussi besoin de mentors et de coaches, de réseaux, de connaissances, d’outils et de plateformes de communication. Elles avaient besoin de se réunir et de s’appuyer les unes sur les autres pour renforcer leurs capacités et assurer leur propre soutenabilité, ainsi que d’assurer la pérennisation des changements qu’elles cherchaient à apporter. Nous avons donc co- créé le programme de renforcement des capacités en 2007 avec la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique. Vingt ans plus tard, nous racontons l’histoire de notre contribution au renforcement du leadership des féministes africaines, en mettant l’accent sur le changement au niveau individuel et au sein des organisations.
Guidé par des facilitatrices féministes, le portfolio de renforcement des capacités de l’AWDF continue d’affiner et d’enrichir les perspectives des leaders féministes et des organisations de défense des droits des femmes. Ce programme leur fournit les outils et les réseaux dont elles ont besoin pour faire progresser le leadership et la gouvernance transformatrice, la gestion financière, le suivi, l’évaluation et l’apprentissage, la mobilisation des ressources, la structure et la culture organisationnelles, les ressources humaines, la communication et les techniques de plaidoyer efficace.
En savoir plusDes organisations dotées d’une âme

Toute personne faisant partie d’un mouvement féministe sait bien que le mouvement ne sera pas viable s’il est dépourvu de gaieté. Nos mouvements doivent faire place au plaisir, aux fous rires et la solidarité. Bâtir des organisations ayant une âme, comme le dit Hope Chigudu. Au fil des ans, à l’écoute de nos partenaires subventionnés, en constatant l’impact du travail sur notre équipe, sur nos corps, en ressentant l’anxiété dans nos communautés, à travers le monde, notre travail s’est de plus en plus concentré sur le bien-être et centraliser sur les personnes qui permettent aux mouvements d’exister.
Nous détaillons ce parcours dans cette collection sur ce que le bien-être représente pour nous. Cela met en lumière la retraite « Flourish » inaugurée en 2018 sous l’égide de l’AWDF et les extraits sur l’encadrement axé sur le bien-être pour les organisations féministes et pour les féministes individuelles par Theo Sowa — ancienne directrice générale de l’AWDF, Ghana ; Mpumi Mathabela — Campagne One in Nine, Afrique du Sud et Cynthia Moses - Box Girls, Kenya.
En savoir plus
La Charte des principes féministes pour les féministes africaines
Depuis le début, il était évident que nous voulions soutenir les activistes, les organisations féministes et de défense des droits des femmes, ainsi que les idées féministes. Nous nous sommes donc réunies, nous avons organisé des ateliers et des forums, nous avons débattu, nous avons interrogé nos propres croyances, prérogatives, identités et aspirations. Ensemble, nous avons travaillé pour contribuer aux réflexions et à la communion féministe africaine qui nous définissent, en tant que collectif.
Après quelques tentatives, l’AWDF a finalement organisé le premier Forum féministe africain à Accra en 2006 — un événement capital qui a rassemblé plus de 100 féministes africaines pour réfléchir attentivement et discuté ouvertement et honnêtement de l’état du mouvement des femmes. Les conversations et les délibérations du Forum ont donné naissance à plusieurs forums féministes nationaux et à la Charte féministe africaine — un outil crucial qui définit les valeurs collectives que nous défendons dans notre travail et dans nos vies en tant que féministes africaines.
Seize années plus tard, les forums féministes africains continuent de se réunir dans de nombreux pays, offrant aux féministes africaines un espace de recueillement et d’introspection, de remise en question, d’affirmation, d’analyse et de stratégie collective sur les moyens de démanteler au mieux les systèmes patriarcaux oppressifs. Ce périple n’est pas linéaire, car souvent, il faut remonter au début. Comment pouvons-nous faire mieux ? Que devons-nous changer ? Quels sont nos principes et comment pouvons-nous nous y tenir ? Comment assurer la paix et la sécurité au sein de ses mouvements ? Comment nous assurer que nous sommes inclusives ? Il faut reconnaître que l’une des choses les plus importantes du Forum Féministe Africain a été la Charte des principes féministes pour les féministes africaines. Maintenant, nous pouvons inviter les personnes à lire et à signer la Charte. Après avoir signé la Charte, nous leur souhaitons la bienvenue dans les mouvements.
En savoir plus
Le diable est un menteur

Selon les mots de cette consœur anonyme...
Lors d’une réunion, nous parlions d’un sujet comme le droit à l’avortement et, de manière tout à fait inattendue, nous avions invité des femmes chrétiennes fondamentalistes à cette réunion. Elles ont commencé à parler de feu et d’enfer, « le diable est un menteur ! » a crié l’une d’entre elles. Nous étions si choquées. Nous nous sommes alors questionnées sur le type de personnes que nous avions invité dans cet espace. Ce n’est pas la première fois qu’une telle chose se produise et ce n’était pas la dernière fois. Lors d’une autre réunion, une femme s’est plainte du fait que « les lesbiennes prennent toutes les ressources. »Il existe une grande diversité au sein des mouvements de femmes africaines. Et c’est là que la Charte entre en jeu. Que dit la Charte à propos de l’intersectionnalité ? Que dit-elle sur la responsabilité mutuelle ? Qui sommes-nous ? Au fil des ans, c’est ce que nous avons dû nous rappeler. Nous avons trébuché et nous trébucherons encore. Mais l’avenir dépend de notre capacité à nous rappeler de nos principales valeurs féministes.
La croissance peut être une chose effrayante. Lorsque nous avons pu à obtenir des sources de flux de financement plus importants, plus de financements bilatéraux et multilatéraux, un changement s’est opéré par rapport à nos responsabilités, car nous nous sommes davantage orientés vers nos bailleurs de fonds que vers nos organisations. Les procédures d’octroi de subventions sont devenues plus strictes, ce qui signifie que les petites organisations que nous avions l’intention de financer ne pouvaient pas avoir accès à nos services parce qu’elles ne répondaient pas à nos critères.
Nous savions qu’il était important de prendre le temps de réfléchir et d’écouter, et nous nous sommes efforcés de remédier à cette situation. Ces dernières années, nous avons lancé plusieurs appels à propositions ciblant spécifiquement les organisations à budget réduit ou moyen, ou les organisations de pays et de régions sous-financés. Une fois, notre équipe dirigeante a décliné l’offre d’un donateur bilatéral de fournir un financement important à l’AWDF, parce que les restrictions et les conditions de la subvention auraient été préjudiciables à nos organisations partenaires. Notre cadre stratégique 2023-2033 est délibérément conçu pour combler ces lacunes et veiller à ce que nos principes féministes soient pleinement intégrés dans tous nos processus.
La sororité, une priorité

C’est tellement vivifiant. En plus de 20 ans, je ne me suis jamais ennuyée. Il y a un dynamisme qui vient du fait de travailler avec une organisation de défense des droits des femmes déterminées comme l’AWDF, qui collabore avec d’autres, toutes aussi déterminées.
Je me souviens que j’étais à Kampala pour une réunion et que sur place se trouvait la responsable de l’une des organisations partenaires subventionnées de l’AWDF. C’était la première fois que je les rencontrais en personne. Elle répétait : « J’ai du mal à croire que vous ayez eu assez confiance en nous pour octroyer autant d’argent à notre si petite organisation. »
Nous avons d’autres bailleurs de fonds. Nous savons comment cela fonctionne. Mais, notre relation avec l’AWDF est différente. C’est une longue et solide amitié qui s’est épanouie au fil des ans dans l’amour, la solidarité et la sororité. Ce qui l’est encore plus, c’est la joie de savoir que nous pouvons toujours compter les unes sur les autres en tant qu’amies, partenaires et sœurs dans ce parcours révolutionnaire.
En savoir plus
La gouvernance en tant que geste d’amour

L’AWDF ne serait pas là où elle est aujourd’hui sans l’amour, le travail et le leadership des féministes africaines qui ont construit et reconstruisent nos structures de gouvernance. Depuis la toute première réunion de notre conseil d’administration en 2001, de merveilleuses féministes africaines, sur le continent et dans la diaspora, ont collectivement piloté la croissance de l’AWDF, en fournissant des conseils stratégiques et en approfondissant nos liens avec les mouvements féministes et les bailleurs de fonds. Nous sommes extrêmement redevables à toutes les femmes et féministes qui ont rejoint notre conseil d’administration au cours des deux dernières décennies, et nous leurs sommes reconnaissantes pour leur engagement.
L’AWDF a été guidée dans l’exploration de plusieurs approches de gouvernance, y compris l’enregistrement légal aux États-Unis ajouté à celui du Ghana. Au cours des premières années, des amies de l’AWDF aux États-Unis ont enregistré l’AWDF-USA en tant que 501 (c) (3) afin d’accroître la visibilité et le soutien financier de l’AWDF aux États-Unis, dont le siège se trouve à Accra. De même, en 2011, l’AWDF a été enregistrée en vertu de la section 21A de la loi sud-africaine sur les sociétés (Companies Act), dans le but de collecter des fonds pour l’octroi de subventions dans la région de l’Afrique australe. Au fil du temps, notre entité basée au Ghana est devenue suffisamment solide pour assumer toutes les responsabilités, en s’enregistrant directement en tant que 501 (c) (3) aux États-Unis et en gérant toutes nos activités continentales à partir d’Accra. Ces processus ont offert des possibilités d’apprentissage et de croissance dont nous continuons de bénéficier à l’avenir.
Sankofa

Nous croyons énormément au Sankofa — c’est- à-dire à la conviction qu’il faut regarder en arrière pour aller de l’avant. Nous devons apprendre de nos faux pas pour qu’ensemble nous puissions aller plus loin. Pour continuer à avancer, nous devons également nous tourner vers l’avenir et être capables d’anticiper. En 2016, l’AWDF a entamé un processus de planification stratégique inspiré par la nécessité d’investir dans la construction d’un avenir féministe ; en réfléchissant à ce qui peut arriver, et en prévoyant des scénarios afin d’être parés à toute éventualité. Ce processus a donné naissance à « Façonner l’avenir de l’Afrique », le plan stratégique 2017-2021 de l’AWDF, qui oriente nos interventions sur l’efficacité de l’utilisation des ressources, nos capacités et nos aspirations sur la base des recherches et des analyses de tendances futuristes qui projettent le contexte à suivre pour les femmes, les filles et les personnes de genre divers en Afrique.
Notre stratégie 2023-2033 offre un plan à long terme et se focalise sur le soutien holistique aux mouvements féministes et de défense des droits des femmes africaines de manière à répondre à l’évolution de leurs besoins et à leur permettre de mener le travail de transformation nécessaire ; en investissant dans leur capacité d’agir et leur résilience, et pas seulement dans leurs programmes et leurs activités. Nous nous engageons a également à amplifier les voix des femmes africaines et des féministes, ainsi que leurs connaissances, et à promouvoir un écosystème philanthropique et de développement plus favorable à la promotion des genres en Afrique et d’ailleurs.
En savoir plusEnraciner les partenariats

Cette action a toujours porté sur les partenariats et la création d’opportunités de financement diverses et étendues pour les mouvements et organisations dirigées par des femmes africaines. Nous avons concludes partenariats avec d’autres initiatives philanthropiques basées en Afrique, des
fonds féministes, des fonds du Sud et des organisations internationales, et l’AWDF continue d’agir comme membre fondateur, conseiller, partenaire, participant actif pour représenter les aspirations des femmes africaines et des organisations féministes dans le secteur philanthropique. Il s’agit notamment
de Prospera le réseau international des fonds de femmes auquel nous participons activement depuis le début des années 2000, du
Réseau africain de Philanthropie que nous avons cofondé en 2009 avec nos partenaires Trust Africa et Kenya Community Development Foundation, du fonds collaboratif féministe
du Sud — Sud aux Rênes du Leadership qui a été lancé en 2016 et du Fonds pour l’égalité, officiellement lancé en 2019.
Nous vous invitons à en savoir plus sur ces partenariats en cliquant sur ce lien.
L’AWDF a participé activement à la création de Prospera, le réseau international des fonds de femmes, au début des années 2000, alors même que nous commencions à définir à quoi ressemblerait l’AWDF. En 2003, nous avons accueilli la conférence annuelle de Prospera, à laquelle ont participé 25 fonds de femmes du monde entier. Nous demeurons un membre actif de Prospera s’efforçant à transformer le paysage du financement pour les filles, les femmes, les personnes de genre divers et leurs communautés. Le réseau constitue une plaque tournante mondiale de solidarité, d’échanges et d’influence collective pour les différents fonds de défense des droits des femmes dans le monde.
En juillet 2009, nous avons cofondé l’African Grantmakers Network, aux côtés de nos partenaires Trust Africa et Kenya Community Development Foundation. C’est l’aboutissement d’années de conversations, de délibérations et de réunions. Ce réseau est devenu par la suite le Réseau africain de Philanthropieun réseau continental d’organisations et d’individus d’Afrique et de la diaspora qui s’engagent dans la philanthropie tout en définissent l’orientation, en déterminant la manière dont les ressources sont mobilisées et dépensées. Le réseau s’efforce de gérer les dynamiques de pouvoir, de placer le genre, la race et la classe sociale au premier plan des conversations et des décisions relatives aux dons, et d’encourager et de centrer l’empathie et la solidarité.
En savoir plusEt, nous ne saurions oublier la fois où nous avons produit un album ! L’album Sheroes comprenait des artistes de 17 pays, dont Angelique Kidjo, Yvonne Chaka Chaka, Oumou Sangare, Nneka, Wiyaala et Sia Tolno, pour n’en citer que quelques-unes, qui ont toutes renoncé à leurs droits d’auteures pour que l’intégralité des recettes puisse être affectée au fonctionnement de l’AWDF. C’était la première fois que nous mettions l’accent sur les femmes artistes africaines en tant que philanthropes et cela pourrait bien être notre initiative de collecte de fonds indépendante la plus réussie. C’était convivial !
Tante Joana

Le 5 novembre 2016, Joana Foster, notre co- fondatrice et sœur est décédée à l’âge de 70 ans. Son esprit vit, son courage et son amour féroce pour les femmes africaines nous guident toujours. En son honneur, l’AWDF a créé la bourse commémorative Joana Foster et a accordé des bourses d’un montant total de 55 000 dollars US.
Nous avons rassemblé ici ce que l’équipe de l’AWDF, les partenaires et les amies se souviennent de Joana et de ce qu’ils disent à son sujet
En savoir plusL’aventure se poursuit
C’était magnifique, n’est-ce pas ? Nous étions là pour nos sœurs et elles étaient là pour nous. C’était des femmes africaines finançant des femmes africaines. Nous sommes les femmes africaines.
En savoir plusRemerciements
Ce récit contient les mots des co-fondatrices de l’AWDF, des membres de l’équipe, des membres du Conseil d’Administration, des partenaires, des amis et des bénéficiaires de subventions, recueillis et tissés ensemble, complétés et organisés par les conteuses féministes africaines — Agazit Abate et Nebila Abdulmelik. Certaines sont des citations directes, d’autres sont paraphrasées afin de créer une communauté de voix. Ensemble, elles sont les autrices de ce récit. Vous trouverez la liste des noms de toutes les personnes interviewées ci-dessous. Nous nous sommes entretenues directement avec certaines d’entre elles, nous avons lu les réponses aux questions que nous avions envoyées à d’autres. Nous avons également lu des messages, des articles, des documents, des rapports et des extraits de livres écrits par et sur l’AWDF. Nous avons parcouru les archives de l’AWDF — y compris les images de ce parcours.
Ce projet de documentation a été réalisé par les conteuses féministes africaines Agazit Abate et Nebila Abdulmelik, avec les conseils de Dinnah Nabwire (Spécialiste de Programme de Connaissances et Voix féministes), Malaika Naa Lamley Aryee-Boi (Assistante de la connaissance et de la voix), et Françoise Moudouthe (directrice générale) de l’équipe de l’AWDF. Naadira Patela réalisé le design et les illustrations, assistée de Kirsty deKock. La page web a été développée par Kihingu Inc. Le contenu audio a été fourni par The Stub Accra. La traduction a été faite par Bolingo Consult.
Nous nous sommes entretenues avec les personnes suivantes, avec lesquelles nous avons recueilli des citations et des informations:
En savoir plusLes partenaires de financement
Il serait regrettable de notre part de parler de partenaires subventionnés et de mécanismes d’obtention de subvention sans mentionner ces personnes et organisations qui nous ont financés dans le passé et qui continuent à la faire — en faisant confiance à notre mandat et en finançant la centralisation des femmes africaines et des organisations féministes, des activistes individuels et des collectifs.
Au fil des ans, nous avons reçu des fonds de plus de 80 donatrices et donateurs institutionnels, individuels, et d’entreprises donatrices. Nous tenons à profondément remercier tout particulièrement les donatrices individuelles pour leur confiance et leur générosité. Ces femmes africaines ont donné de leur poche dès les premières années, et se sont portées volontaires pour lever de petites et grandes sommes d’argent pour notre mission, ainsi que celles qui ont décidé d’inclure un don à l’AWDF dans leurs testaments. Cela nous a permis de nous renforcer financièrement, mais aussi émotionnellement.
En savoir plus des partenaires financiers de l’AWDF au cours de ses 22 années d’existence.
En savoir plusChronologie de l’AWDF
Hommages

Nous savons qu’un tel parcours ne se fait jamais seule. De nombreuses personnes ont fait partie de l’aventure de l’AWDF, et nous ne pourrions toutes les citer. Nous avons commencé ce bel hommage en mettant en lumière les anciens et actuels membres du conseil d’administration, les membres consultatifs internationaux, régionaux et techniques ainsi que celles qui ont servi en tant que membres du personnel de l’AWDF. Aidez-nous à rendre hommage à toutes les personnes qui ont fait et continuent de faire partie de cette histoire, en les ajoutant ici.