[tp lang=”en” not_in=”fr”]By Olutimehin Adegbeye
In the twenty years that have passed since the Beijing Conference, I have gone from being a girl child myself to having one of my own. At first, I was told I was having a boy, and when I found out I wasn’t, my heart started to ache for my unborn child because of all the pain I could see waiting for her in the world. In my own twenty years prior to falling pregnant (I was barely 21 when I gave birth), I had experienced enough gendered violence to realistically believe that she might have only five or six years before she became ‘fair game’. As it turned out, she only had two.
The first time a stranger called out a sexual comment to my daughter, she was one week shy of her second birthday. My shock and anger were useless, as the man laughed with his friends, insisting they were ‘just joking with the baby.’ I had always been aware that there was only so much I would be able to protect my little girl from, but it was never more real to me than that day.
Already I’ve seen her shoulders slump under the weight of gendered expectations, as people ask her to ‘act like a girl’ whenever she plays loudly, insisting, “don’t you know you have to be a lady?”. I’ve watched her blithely ignore jokes that she will find a husband quickly because of the size of her bum, seen her internalise reminders not to fall down too often because scars will reduce her bride price… She’s barely two, but already the scope of her life is starting to be limited by her gender, and her value as a person has started to be measured by her marriageability and ability to perform femininity.
My daughter and girls like her are the reason I am unapologetic about my feminism. Progress has been made in the last twenty years, but there is still a lot of work to be done. Girls and women are so much more than mere vehicles for men’s sexual expression or bargaining tools in power struggles, and the sooner we collectively recognise this, the better. Government policies actively exclude, dismiss or erase women. In the classroom and the boardroom, our femaleness invariably places us at a disadvantage. Less than 2% of all aid money goes to girls, despite the vast amounts of evidence that show that the empowerment of young girls is the key to maximising nations’ economic potential.
For every girl who drops out of school to work, get married or care for ill relatives, there is a generation disenfranchised. For every girl kidnapped or trafficked into slavery of any kind, a nation loses out. Every time a girl or woman dies in childbirth, from malnourishment, from easily preventable diseases or lack of primary healthcare, the loss is far greater than simply one dead citizen. We all lose out when girls and women are given the short end of the stick — we have all been losing out for a long time.
Feminism has enjoyed a surge in popularity in recent years, thanks in part to pop culture icons and members of the mainstream adopting either the ideology itself or espousing its tenets. With the democratisation of knowledge via the internet, there is now increased awareness of the issues affecting women – poverty, violence, unemployment and other kinds of disenfranchisement — and more than ever before we have the tools, if not all of the resources, necessary to get everyone on board in the fight.
The fact remains that if women’s rights continue to be treated as being relevant only to women, our progress will be slow. Women’s issues are human issues. More important than the value of women and girls to society, is our value to ourselves. We are entitled to our own lives, and that fact alone should be enough for society to recognise the preservation of our rights as being the responsibility of every citizen. As long as the attitudes, norms and structures that underpin patriarchy, fundamentalism, globalisation and militarisation continue to go largely unchallenged, the quality of girls’ and women’s lives everywhere will be lower than optimal.
By building bridges and fostering solidarity with women of all kinds and from all places, we can amplify those voices that cry out against misogyny. By loving ourselves radically and supporting one another, working for transformative justice and dismantling the tools of oppression, we have a chance to forge ahead with this march started twenty years ago. And what better time to rekindle that flame lit in Beijing, than now?[/tp]
[tp lang=”fr” not_in=”en”]Par Olutimehin Adegbeye
Au cours des vingt années qui se sont écoulées depuis la Conférence de Beijing, je suis moi-même passée de fille à mère. Au début, on m’a dit que j’aurais un garçon, et quand je découvris que ce n’était pas le cas, mon cœur a commencé à me faire mal pour l’enfant à naître à cause de toute la douleur que j’avais constaté et qui l’attendait en ce monde. Dans ma vingtaine avant de tomber enceinte (J’avais à peine 21 ans quand je donnais naissance), j’avais suffisamment expérimenté la violence de genre pour réellement croire qu’elle n’avait que cinq ou six ans avant avant de venir à un «jeu équitable». En fait, elle en avait seulement deux.
La première fois qu’un étranger à fait un commentaire sexuel à ma fille, elle venait à peine de fêter son deuxième anniversaire. Le choc et la colère étaient inutiles, lorsque l’homme se mit à rire avec ses amis, ils insistaient sur le fait qu’ils «ne faisaient que plaisanter avec le bébé.” J’avais toujours été consciente que j’étais prête à tout pour protéger ma petite fille, mais cela n’a jamais été plus vrai que ce jour là.
Je voyais déjà le poids des attentes liées au genre reposer sur ses épaules, les gens lui demandant “d’agir comme une fille” lorsqu’elle fait du bruit en jouant, en insistant, “ne sais-tu pas que tu dois être une dame?”. Je l’ai regardée ignorer allègrement les blagues disant qu’elle trouvera un mari rapidement en raison de la taille de ses fesses, la voir intérioriser les conseils voulant qu’il ne faut pas tomber trop souvent parce que les cicatrices réduiront sa valeur comme mariée … Elle a à peine deux ans, mais déjà la portée de sa vie commence à être limité par son sexe, et sa valeur en tant que personne a commencé à être mesurée par son aptitude au mariage et la capacité à incarner la féminité.
Ma fille et les filles comme elle sont la raison pour laquelle je ne m’excuse pas d’être féministe. Des progrès ont été réalisés au cours des vingt dernières années, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Les filles et les femmes sont bien plus que les simples véhicules d’une expression ou négociation sexuelles, outils des hommes dans les luttes de pouvoir, et le plus tôt nous serons reconnues collectivement, le mieux ce sera. Les politiques gouvernementales excluent activement, écartent ou effacent les femmes. Dans la salle de classe et la salle de réunion, notre féminité nous place toujours dans une situation désavantageuse. Moins de 2% de tout l’argent de l’aide va aux filles, malgré les vastes quantités de preuves qui montrent que l’autonomisation des jeunes filles est la clé pour maximiser le potentiel économique des nations.
Pour chaque fille qui abandonne l’école pour travailler, se marier ou soigner des parents malades, il y a une génération privée de ses droits. Pour chaque fille enlevée, victimes de la traite ou d’esclavage en tout genre, la nation est perdante. Chaque fois qu’une fille ou une femme meurt en couches, de malnutrition, de maladies facilement évitables ou de manque de soins de santé primaires, la perte est beaucoup plus conséquente que si c’était simplement un citoyen mort. Nous perdons tous lorsque les filles et les femmes sont désavantagées – nous avons tous été perdants pendant longtemps.
Le féminisme a connu un regain de popularité ces dernières années, en partie grâce à des icônes de la culture pop et des membres du grand public adoptant soit l’idéologie elle-même ou alors en épousant ses principes. Avec la démocratisation du savoir par l’intermédiaire de l’Internet, il y a maintenant une prise de conscience accrue des questions touchant les femmes – la pauvreté, la violence, le chômage et d’autres sortes de privation des droits civiques – et plus que jamais, nous avons les outils, si ce n’est toutes les ressources, nécessaires pour faire prendre part tout le monde à la lutte.
Le fait demeure que si les droits des femmes continuent d’être traités comme n’étant pertinent que pour les femmes, nos progrès seront lents. Les problèmes des femmes sont des questions humaines. Plus important que la valeur des femmes et des filles pour la société, est notre propre valeur. Nous avons le droit sur nos propres vies, et ce seul fait devrait être suffisant pour la société de reconnaître la préservation de nos droits comme étant la responsabilité de chaque citoyen. Tant que les attitudes, les normes et les structures qui sous-tendent le patriarcat, le fondamentalisme, la mondialisation et la militarisation continuent d’avancer largement et de manière incontestée, la “qualité de vie” des filles et des femmes partout dans le monde sera inférieure au niveau optimal.
En construisant des ponts et en favorisant la solidarité avec les femmes de toutes origines et horizons, nous pouvons amplifier ces voix qui crient contre la misogynie. En nous aimant profondément et en se soutenant les unes les autres, en travaillant pour une justice transformatrice et le démantèlement des outils d’oppression, nous avons une chance d’aller de l’avant avec cette marche commencée il y a vingt ans. Et quel meilleur moment pour raviver cette flamme allumée à Beijing, que maintenant?[/tp]